Solutions marché

Mais alors quelles sont les informations de marché consultées par ces opérateurs ? Quels sont les marchés et indicateurs à suivre ?  Comment organiser une veille effective du cours des matières premières ?

Voici quelques conseils de nos experts.

Les marchés physiques sont au cœur de l’évolution du cours des matières premières. Il s’agit tout simplement d’échanges physiques de biens entre opérateurs. Bien que certains marchés soient peu transparents de par un manque de standardisation ou de volumes traités (exemple : blé dur, tournesol, céréales biologiques, fruits à coques…etc.) il est toujours possible d’obtenir des prix de marché. La majorité des opérateurs de la filière des céréales font appel à des courtiers (intermédiaires) qui envoient des grilles de prix quotidiennes à leurs clients. Avoir les prix de son/ses courtier(s) est une première étape mais avoir une base de prix physiques mondiale permet aux opérateurs d’avoir davantage de recul. Une base de prix physiques exploitable via des graphiques ou des extractions de données permet d’analyser l’évolution des cours à long terme.

Les marchés futures autrement appelés marchés à terme. Les marchés à terme sont devenus de plus en plus importants au fil des siècles. Dès le 16ème siècle des bourses de commerce ont vu le jour. Initialement créés pour régir les transactions physiques et financières elles organisent aujourd’hui presque uniquement les transactions purement financières. Ces marchés sont utilisés aujourd’hui dans un objectif de couverture de risque prix et, à la marge, dans un objectif de spéculation.

Il y a de nombreuses façons de classer les matières premières échangées au niveau mondial sur les marchés à terme. La principale classification étant hard et soft.

Les hards commodities représentent les ressources naturelles, comme le pétrole, le fer, l’or, le gaz…etc.
Les soft commodities quant à elles nécessitent la main de l’homme pour leur développement, comme le blé, le maïs, le coton, le cacao…etc.

Les matières premières agricoles sont donc considérées comme des « softs commodities ». Voici les marchés à terme principaux concernant les céréales et oléagineux :

• Euronext : blé tendre, maïs, colza. Marché de référence en Europe, suivi en temps réel par la grande majorité des opérateurs du continent.

• CBOT (Chicago Board Of Trade) : blé tendre, maïs, colza, soja, tourteaux de soja, huile de soja, avoine…etc.  Marché suivi en différé de 15 minutes par une partie des Européens (pour des raisons de coûts) et en temps réel par les Américains.

• CME (Chicago Mercantile Exchange) : bétail, beurre, protéine déshydratée, lait, fromage, Euro/Dollar US, Euro/Dollar CAD. Concernant les marchés des devises à terme, ils sont de plus en plus suivis par les européens et notamment par les opérateurs qui traitent sur le CBOT et qui ont besoin de se couvrir du taux de change à terme (Euro/Dollar US) mais aussi par ceux qui traitent du canola sur l’ICE CANADA (Euro/Dollar CAD).

• ICE CANADA : canola. Le canola est un dérivé du colza, cultivé au Canada il possède des qualités nutritionnelles supérieures. L’évolution de son cours est bien évidement fortement corrélé à celui du colza.

• ICE LIFFE (Marché basé à Londres) : blé tendre.

• MDEX (Malaysian Derivatives Exchange) : huile de palme.

• MGEX (Mineapolis Grain Exchange) : blé.

Ceux concernant les produits agricoles autres que les céréales et oléagineux :

• EEX (marché allemand) : beurre, lait en poudre, protéine déshydratée, lait. Marché très suivi par les industriels en Europe.

• ICE LIFFE : blé tendre, sucre blanc, cacao, café.

• ICE US : coton, cacao, café, sucre.

Et les marchés reliés à l’énergie (hard commodities) :

• ICE ENDEX (Energy Exchange for Gas and Power) : gaz, quotas d’émissions de gaz à effet de serre.

• ICE EUROPE : pétrole (Brent et WTI) et gasoil. Concernant le pétrole la référence mondiale est le Brent (du fait de son lieu d’extraction, en mer du Nord). Le Brent représente deux tiers des échanges de pétrole dans le monde. WTI est quant à lui une référence au niveau américain (produit principalement au Texas, Louisiane et Dakota du Nord).

Au-delà du suivi des cotations physiques et futures il est essentiel de lire régulièrement des news et analyses de marché afin d’avoir plus de recul sur la situation et d’aiguiser son sens critique. En plus des news récurrentes on distinguera l’analyse fondamentale de l’analyse technique.

L’analyse fondamentale est l’étude de l’offre et de la demande, c’est-à-dire des stocks. En cas de demande supérieure à l’offre les prix vont à la hausse et inversement. De nombreux facteurs rentrent en compte dans la variation des cours des matière premières :

• Conditions météorologiques : élément majeur dans les cultures agricoles. Nombreux sont les rapports météo disponibles incluant les niveaux de précipitations, l’humidité des sols, les températures ou encore l’avancement des récoltes (crop progress).

• Contexte marché : appels d’offre, lines-up, chargements portuaires, bilan USDA.

• Contexte macro-économique : mouvement des fonds monétaires, des indicateurs (CAC40 par exemple) ou plus globalement la santé économique des principaux pays producteurs.

• Contexte politique : les subventions, les droits d’exports ou encore les lois sur les produits phytosanitaires ont un impact sur le cours des matières premières. Un produit plus ou peu subventionné peu démotiver les agriculteurs à le cultiver ce qui entraine ainsi une baisse de l’offre.

• Contexte géopolitique : les relations entre pays influent grandement le cours des matières premières comme l’a démontré parfaitement le conflit russo-ukrainien et l’envol des cours des céréales qui s’est produit en 2022.

L’analyse technique est l’étude des graphiques. L’idée est de comprendre les variations des prix en étudiant les courbes et anticiper les futures mouvements. Les analyses techniques peuvent être journalières (publiées avant l’ouverture du marché), hebdomadaires ou mensuelles (afin d’avoir une vision à long terme). Aujourd’hui rares sont les opérateurs à réaliser leurs propres analyses techniques (par manque de temps) mais de nombreuses analyses techniques réalisées par des experts sont disponibles.

(Sources : Société Générale, Alumneye, Le guide boursier)